Archives mensuelles : mai 2016

Introspection sur mon rôle de mère

Ce matin j’écoutais les oiseaux chanter et je pensais à la fête des Mères qui approche. Cette réflexion m’a conduite à faire une introspection de mon rôle de mère depuis 23 ans.

Je me suis posé ces questions :
Suis-je satisfaite de moi en tant que mère?
Est-ce que j’aurais pu faire les choses différemment ?

J’ai deux filles Meggie 18 ans et Audrey 23 ans. J’ai tenté et je tente encore de leur donner le meilleur. Pas toujours le meilleur de moi, mais le meilleur pour elles.

Un jour après une altercation avec ma fille Audrey lorsqu’elle avait 17 ans, je lui ai dit : «Si tu es toujours d’accord avec moi, si tu ne m’en veux jamais, si tu n’es jamais en colère contre moi, c’est que je n’ai pas bien joué mon rôle de mère. Je suis ta mère et non ton amie. Je suis là pour mettre les limites que tu as besoin pour faire ton apprentissage, pour avoir confiance en toi, pour comprendre que dans la vie il y a des limites à respecter. Dire non à ta demande, n’a rien à voir avec l’amour que j’ai pour toi.
Si je dis oui à tout ce que tu veux, comment vas-tu apprendre où sont les limites? Comment vas-tu savoir que toi aussi tu as le droit de dire non?»

Bien sûr, à cette époque, elle n’était pas d’accord avec moi et elle a été frustrée davantage. Moi dans mon cœur de mère, je savais que j’avais raison et ça ne me dérangeait pas qu’elle se fâche après moi. Un enfant, tout comme un adolescent a besoin de limite.

Contrôler ou mettre des limites

Je fais ici une distinction importante entre gérer la vie d’un enfant ou le contrôler et mettre des limites. Contrôler ou manipuler la vie d’un enfant est en lien avec nos propres blessures à nous. Mettre des limites raisonnables pour son apprentissage, c’est l’éduquer et travailler sa confiance en lui.

Je ne vous dis pas que ce n’est pas bien d’être amie avec ses enfants, d’être leur confidente, de les soutenir et de les accompagner dans ce qu’ils vivent. Cependant, autant que possible, il ne faut pas laisser l’amitié ou la culpabilité primer, parce que dans ce cas, ce sont les émotions qui prennent le dessus et non notre rôle de mère.

Comme tous les parents du monde, j’ai fait des erreurs en tant que maman.
Est-ce que j’aurais pu faire les choses différemment ? Peut-être que oui ou peut-être pas. Comme on dit, devenir maman ne vient pas avec un manuel d’instruction et je n’ai pas eu la chance d’avoir d’exemple autour de moi.

Le plus beau cadeau que j’ai offert à mes filles

Il y a toutefois une chose que je sais. Le plus beau cadeau que j’ai offert à mes filles a été de travailler sur moi. De me libérer de mes blessures et de mes souffrances de mon passé. Ce cheminement personnel que j’ai fait, a fait de moi une meilleure mère et une meilleure personne.
Je comprends beaucoup mieux aujourd’hui comment je peux aider mes filles et je comprends aussi que malgré tout l’amour que j’ai pour elles, malgré tous les efforts que j’ai faits pour leur faire comprendre la vie, elles doivent faire des erreurs et apprendre de ça.

La route à prendre

Je vois mes filles grandir et je sais que pour le moment elles n’ont pas tout compris des messages que je leur ai partagés. Quelques fois, je vois clairement que la route qu’elles choisissent n’est pas la plus facile. J’aimerais leur dire de ne pas la prendre, mais elles doivent vivre leur vie et faire leur apprentissage et pour ça, elles doivent prendre la mauvaise route de temps en temps pour apprendre à se retrouver.

J’ai appris le détachement avec mes filles. Je les aime énormément et j’en suis vraiment fière, mais ce n’est pas ma vie, mais la leur et elles doivent faire leurs propres choix de vie.

Pour terminer, je fais un retour sur les limites que j’ai mis à ma fille Audrey.
À 21 ans, donc quatre ans après cette fameuse altercation, elle est venue me voir en me disant : «Maman, tu avais raison. Un jour tu m’as dit que si je suis toujours d’accord avec toi dans ton rôle de mère, si je ne t’en veux jamais, si je ne suis jamais en colère contre toi, c’est que tu n’as pas bien joué ton rôle de mère».  Je réalise aujourd’hui que tu avais raison. Tu as bien fait de me mettre des limites et d’être autoritaire avec moi.

Et bien je venais de recevoir le plus beau cadeau qu’une mère peut recevoir.
Eh oui, je suis très satisfaite de mon rôle de mère.

Joyeuses fêtes des Mères à toutes les mamans.

Une lettre à ma mère, pour la fête des Mères

Ma chère maman, les années ont passé sans que je les voie, tellement la vie va vite. Aujourd’hui, j’ai 55 ans et il me semble qu’il n’y a pas si longtemps, nous habitions ensemble à Montréal.

Je me souviendrai toujours du jour où à l’âge de 8 ans, je suis revenue à la maison sur la rue Ottawa à Montréal, après avoir passé plusieurs années en foyer d’accueil. Papa et toi, chacun à votre tour, m’avez abandonné. J’avais 3 ans.

Sans que ma mémoire se souvienne de cette journée, mon subconscient, mon corps et chacune de mes petites cellules s’en souviennent. Ma vie venait de basculer. Elle venait de prendre une route très différente. Une route où j’ai dû apprendre à me battre pour avoir ma place dans ces foyers d’accueil. Une route où j’ai dû me protéger sous une carapace. Une carapace si épaisse, qu’il m’a fallu plus de 40 ans pour arriver à trouver une fissure qui me permette de commencer à voir qu’il y avait une personne avec un cœur sous cette carapace.

Aujourd’hui, je n’ai plus ce mécanisme de défense, cependant, je ne peux que le remercier de m’avoir protégée.
J’ai tellement souffert de cet abandon, de ce sentiment de rejet , de ce sentiment d’injustice dans ces foyers d’accueil. Je t’en ai tellement voulu maman de m’avoir abandonné, de ne pas m’avoir aimé assez pour me garder avec toi!

Plusieurs dizaines d’années sont passées depuis mon retour chez toi. J’ai tellement espéré pendant toutes ces années que tu me vois, que tu m’écoutes, que tu m’aimes, que tu me prennes dans tes bras quand j’avais de la peine et que tu m’accompagnes dans ma vie. J’ai tellement attendu ce moment!

Depuis quelques années, j’ai cessé d’attendre. J’ai appris à vivre en étant dans mon cœur. J’ai appris à me libérer de mes souffrances du passé et je vois les choses vraiment différemment maintenant. Continuer la lecture